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18 et 19 mars : vigilance jaune inondations pour le Serein et l’Armançon
SOMMAIRE
Le journal des hexagons
par Aurel
Actualité municipale
Seuls les documents municipaux importants présentés sur cette page sont ensuite archivés.
Plan Local d’Urbanisme
Consulter le mode d’emploi sur ce lien : https://www.geoportail-urbanisme.gouv.fr/info-general/
Le Géoportail de l’urbanisme (GPU) donne accès aux règlementations d’urbanisme des territoires.
Il permet à chaque citoyen de :
- Localiser son terrain ;
- Faire apparaître et interroger le zonage et les prescriptions d’urbanisme qui s’y appliquent ;
- Consulter directement en ligne tout ou partie des documents d’urbanisme (données géographiques et règlements de la commune ou de l’intercommunalité) ;
- Connaître les servitudes d’utilité publique affectant l’utilisation de son terrain ;
- Télécharger les données géographiques (zonages) et littérales (règlement au format .pdf) ;
- Afficher en superposition des couches d’information (sélection des prescriptions du règlement d’urbanisme, fond cadastral, photo aérienne, etc.) ;
- Créer et diffuser sa propre carte grâce aux outils de dessin (prescriptions à représenter, outils de dessin).
Il permet également aux professionnels de réaliser diverses études à partir des données qui y sont présentes.
ANIMATIONS / ASSOCIATIONS
Concert en mars
Concert “Les Têtes de chien”, quintette a capella contemporain pour chansons traditionnelles le samedi 30 mars 2024 à 20h30 à la Maison de la Culture de Venizy.
Entrée 15€ – Gratuite pour les – de 18 ans.
Venus de la chanson française, du théâtre, de l’opéra, ou des musiques traditionnelles, ces cinq chanteurs a cappella réinventent leur propre folklore contemporain et urbain nourri de la tradition orale des anciens, et ouvrent un nouvel espace aux pratiques polyphoniques.
Ayant des rôles différents, tant sur le plan vocal que scénique, ces cinq personnalités marquées, aux tessitures et styles de voix complémentaires, donnent vie ensemble à des spectacles et à des événements toujours imprévus… Tragique, comique et poésie, s’enchaînent avec virtuosité et sobriété, comme autant de jeux familiers avec le public.
Les dernières productions
DIVERS – INFO
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Actualité département & région
Plus d’actualités locales (par Google Actualités)
Jour de grève dans la fonction publique ce mardi, des mobilisations prévues à Sens et Auxerre
© Agence AUXERRE
Hôpitaux, Éducation nationale, services publics… Les fonctionnaires sont appelés à la grève aujourd’hui par une intersyndicale (CFDT, CFE-CGC, CGT, FO, FSU, Solidaires et Unsa). Au cœur des revendications : l’amélioration des conditions de travail et l’ouverture immédiate de négociations salariales “face à une situation d’effondrement du niveau des rémunérations des agents publics”. La question des salaires est omniprésente dans cet appel à la mobilisation, qui souligne que “l’inflation reste trois fois supérieure au dégel du point d’indice”.
Contre le manque de moyens
Hasard du calendrier, cette journée de mobilisation sociale intervient au lendemain de l’officialisation de la carte scolaire 2024 dans l’Yonne, avec 36 fermetures de classes à la prochaine rentrée. De quoi alimenter encore plus la colère des syndicats sur la dégradation des conditions de travail et le manque de moyens dans le public. “A contrario, le gouvernement annonce pour 2024 un plan de 10 milliards d’euros d’économies sur le dos du service public et encore 20 milliards d’euros d’économie pour 2025, dénoncent les organisations syndicales. Ces économies ne seront pas sans conséquences sur les effectifs et les moyens alloués à la fonction publique.”
Deux manifestations sont ainsi organisées ce mardi. La première partira de la sous-préfecture de Sens à 10 heures. La seconde s’élancera de la place de l’Arquebuse à Auxerre à 14 heures. Les représentants de l’intersyndicale doivent être reçus par le préfet de l’Yonne, Pascal Jan, à l’issue de cette dernière.
LOISIRS
Saint-Florentin : Les Garagistes
Sortir dans l’Yonne
Vide-greniers/brocantes de l’Yonne – Activités culturelles : le programme de tout le département
Département
Le Bus des services publics de l’Yonne se déplace vers les habitants des communes les plus éloignées des services au public et sillonne 35 à 37 communes du département par mois. Un objectif : venir au plus près des habitants pour faciliter leurs démarches. À son bord, deux agents du Conseil Départemental spécifiquement formés répondent aux demandes d’informations relatives à la vie quotidienne : comment actualiser sa situation administrative, comment effectuer des démarches de santé, faire face à un litige, surmonter la perte de son conjoint,… Ces agents aident les usagers dans leurs démarches administratives (telles que la constitution de dossier retraite ou de carte grise, de dossier d’indemnisation chômage ou de demande d’Allocation Adulte Handicapé….).
Bus Services
Le Bus France Services du Département de l’#Yonne sera présent :
15/01 : ROGNY-LES-7-ÉCLUSES | 9h30-12h30, Parking agence postale
15/01 : VILLENEUVE-LES-GENÊTS | 13h30-16h30, Place de la liberté
16/01 : JOUX-LA-VILLE | 9h15-12h15, Parking de la boulangerie
17/01 : CHAILLEY | 9h30-12h30, Salle communale
17/01 : NEUVY-SAUTOUR | 13h15-16h15, Place des commerces
18/01 : TREIGNY | 9h30-12h30, Parking de la mairie
18/01 : ÉTAIS-LA-SAUVIN | 13h30-16h30, Parking de la mairie
19/01 : MONTIGNY-LA-RESLE | 13h30-16h30, Parking de la mairie
Gratuit et sans rendez-vous
Actualité générale
Plus d’actualité nationale et internationale.(par MSN Actualités)
Des lots de viande hachée des magasins Cora, Leclerc ou Auchan rappelés
Des lots de viande hachée des magasins Cora, Leclerc ou Auchan font l’objet d’un rappel à cause d’une contamination à la bactérie E.coli. L’alerte a été émise par le site RappelConso depuis vendredi 15 mars.
Produits à ramener en magasin
Plusieurs articles différents sont concernés : les boîtes Steak haché X2 5 % Transpare, Steak haché X6 5 % VBF, Frisette 500 g 5 % VBF, Tournedosteack VBF, Steak haché 5 % X1 CORA VBF ou encore le pavé haché VBF. La liste des différents lots et magasins concernés a été publiée par Rappel Conso.
Si le produit contaminé a été consommé, la bactérie peut entraîner “des diarrhées parfois sanglantes, des douleurs abdominales et des vomissements, accompagnés ou non de fièvre”, développe RappelConso.
Si vous possédez un de ces produits, il faut le ramener en magasin. Un remboursement est possible. En cas de doute, vous pouvez contacter le 03.27.21.65.25.
Une lourde amende pour les Français qui ont un poulailler dans leur jardin s’ils ne respectent pas la loi.
Avis aux passionnés d’aviculture, la mise en place d’un poulailler dans votre jardin est soumise à la législation. En effet, diverses règles sont en place. En cas de non-conformité à ces règles, les individus peuvent faire face à des conséquences. Ils peuvent notamment être passibles d’une amende conséquente s’ils ne respectent pas ces directives spécifiques.
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Le contexte actuel souligne l’importance de se renseigner lorsqu’on décide d’installer un poulailler dans son jardin. L’ARS a diffusé un communiqué concernant la présence de polluants organiques détectés dans plusieurs poulaillers privés en France. Les risques encourus sont significatifs, car ces polluants ont des effets à long terme sur la santé.
Quelles sont les règles à connaître avant d’installer un poulailler dans son jardin ?
Sur les 25 élevages étudiés par l’ARS, 14 sont situés « à proximité des trois principaux incinérateurs de déchets autour de Paris (Ivry-sur-Seine, Issy-les-Moulineaux, Saint-Ouen) et 11 qui en sont éloignés. » Les zones à risque concernent les départements des Yvelines, le Val-de-Marne, la Seine-Saint-Denis, la Seine-et-Marne, les Hauts-de-Seine, l’Essonne, le Val-d’Oise et Paris intramuros.
Parmi les mesures à respecter, il y a aussi celle qui précède l’installation du poulailler. C’est d’autant plus important que certaines mairies et communes interdisent cet élevage, notamment dans les lotissements. En outre, la réglementation diffère selon la surface du poulailler et le nombre de poules. Par exemple, pour un poulailler d’une surface entre 5 et 20 m², une déclaration de travaux est nécessaire. Pour une surface égale ou supérieure à 20 m², il vous faudra un permis de construire.
Jusqu’à 6 000 euros d’amende par m2 pour les Français qui installent un poulailler sans tenir compte de la loi
En cas de non-respect, les particuliers s’exposent à une amende plutôt conséquente. Cette dernière peut s’élever entre 1 200 et 6 000 euros par m². D’autres risques peuvent être encourus par les propriétaires. Ceux-ci concernent notamment les nuisances du côté du voisinage. Les odeurs et les bruits peuvent parfois altérer la quiétude de ses voisins. Pour éviter les plaintes, il est préférable d’installer l’abri dans un endroit assez éloigné.
Il existe aussi des règles d’aménagement du jardin à respecter pour réaliser une bonne installation d’un poulailler. Ce dernier pourra notamment être installé sur de la terre battue, mais il faut prévoir un terrain avec de la pelouse pour la partie extérieure. Les poules se nourriront alors des vers et vous débarrasseront des limaces par la même occasion. Quelques arbres ou arbustes protègeront vos résidents du vent et en été, d’un fort ensoleillement.
Pour avoir des poules dans son jardin, voici ce qu’il faut savoir
Pour délimiter la zone du poulailler, il est vivement recommandé d’installer une haie. L’idéal est également de choisir une exposition à l’est ou au sud-est pour l’abri qui accueillera le poulailler. Enfin, il est recommandé de consacrer 1 m² par poule. Accueillir jusqu’à cinq volailles dans votre jardin indique ainsi l’installation d’un abri de 5 m². Plus l’abri sera petit et plus son entretien sera aisé. Pour les éviter les nuisances, il faut ainsi veiller à une hygiène irréprochable des enclos ou abris.
La loi (article 1243 du code civil) régit également tout dommage résultant des animaux d’élevage ou de compagnie. Ces derniers sont sous votre responsabilité. Pour éviter de vous retrouver dans un cas de dommage et risquer une amende, il est préconisé de poser une clôture de deux mètres de hauteur autour de l’espace. Elle protégera par la même occasion les poules des prédateurs.
Recul de la lecture chez les jeunes : un danger pour nos démocraties ?
Un jeune sur cinq dit ne pas lire ou ne pas aimer lire. Sur le banc des accusés, sans surprise, les écrans, pointés du doigt par le neuroscientifique Michel Desmurget, auteur de “La Fabrique du crétin digital”. Entretien avec celui qui voit dans ce recul un danger pour nos démocraties.
Entretien avec Michel Desmurget Neurophysiologiste
Photo d’illustration Pixabay
Le 12 mars, le Centre national du livre invitait chacune et chacun à un “quart d’heure de lecture national”. Lancée en 2022, en collaboration avec l’Éducation nationale cette opération a pour but de “remettre la lecture au cœur de notre quotidien”. Et ce dans un contexte de très grand recul, notamment chez les jeunes. Un sur cinq dit ne pas lire ou ne pas aimer lire d’après un récent baromètre du CNL. Le neuroscientifique Michel Desmurget, auteur de La Fabrique du crétin digital (Seuil, 2019) et Faites-les lire ! (Seuil, 2023), incrimine la société des écrans. Entretien sans concession.
Le dernier classement PISA montre que depuis 2012 les résultats des élèves français en compréhension de l’écrit ont baissé deux fois plus que ceux en moyenne des autres pays de l’OCDE. À quoi imputez-vous ces résultats ?
Ce recul est plus marqué en France mais il est commun à l’ensemble des pays de l’OCDE : ces derniers ont perdu 7 à 8 mois de scolarité pour les enfants. La France, entre 2018 et 2022, a perdu un an. Nos élèves de troisième ont aujourd’hui les mêmes compétences en lecture que ceux qui étaient en quatrième en 2018. Le fait que ce soit commun à l’ensemble des pays de l’OCDE, qui ont tous des systèmes scolaires extrêmement différents, est intéressant. La disparité n’est donc pas à chercher ici. Il y a un point commun à l’ensemble des pays de l’OCDE, c’est la pénétration absolument extravagante des écrans récréatifs dans la vie des enfants. De nombreuses études montrent que le déclin du temps passé à lire et des compétences en lecture, puisque les deux sont liés, est inversement proportionnel à l’augmentation du temps passé sur les écrans, qui met à mal la capacité à absorber les enseignements. Parce qu’il touche le langage, la concentration, la créativité, le sommeil. Et c’est un système qui s’auto-entretient.
On note moins ce décrochage pour la Chine, Taïwan, et un certain nombre de pays asiatiques, qui ont pris au niveau étatique un certain nombre de mesures extrêmement drastiques de restriction du temps d’écran.
Le dernier baromètre Ipsos du CNL a montré qu’un jeune de 15 à 24 ans sur sur deux faisait autre chose en même temps qu’il lisait. Quelles sont les conséquences de cette double activité ?
D’abord, il faut tempérer tout cela. On nous dit qu’ils lisent beaucoup sur Internet, qu’ils ont simplement transféré leur lecture, du livre à l’écran. Ce n’est pas vrai. Le temps de lecture représente 2 à 3% du temps d’écran, quelques minutes par jour. Sans compter la pauvreté des contenus internet.
Ensuite, oui, il y a un autre problème avec leur lecture : celui du “multitasking”. Depuis 2000, on nous explique à quel point nos gamins sont devenus des mutants, des extraterrestres. On nous a dit que ce sont des Digital Natives, qu’ils parviennent à jongler, à faire plein de choses en même temps. Malheureusement, si les enfants sont nouveaux, si j’ose dire, leur cerveau, est ancien et le cerveau humain n’a pas été prévu pour faire deux choses à la fois, c’est un bon vieux logiciel monotâche. Quand il a deux tâches à faire, il en fait une, puis il attaque sa deuxième tâche après avoir stocké les informations de la première dans une aire de de mémoire tampon, et ainsi de suite. Et quand on jongle entre deux tâches, cela prend plus de temps, c’est plus difficile, on fait plus de fautes, il y a un coût cognitif important. On s’est aperçu aussi que le cerveau mémorisait mieux ce qui lui a coûté cher en terme attentionnel.
Les jeunes lisent-ils encore des romans ?
Ils lisent de moins en moins de romans, de moins en moins de livres. Certaines études à ce sujet sont un peu trompeuses. Tous les ans, on a le bon sondage Ipsos qui affirme que nos gamins n’ont jamais autant lu, qu’ils sont 90 % à lire et qu’ils lisent plus de 30 livres par an. Déjà, si on prend ceux qui lisent tous les jours ou presque, on tombe autour de 20 à 25 %. Et dans ces sondages-là, on compte tout : les livres, les BDs, les mangas, les ouvrages de cuisine, de bricolage… On compte même, dans certaines études, les livres de coloriage ! Si vous avez colorié un mandala dans l’année, vous êtes considéré comme un lecteur.
Les études du ministère de la Culture sont beaucoup plus fiables. Prenons le “gros lecteur” : c’est quelqu’un qui lit une vingtaine de livres par an, ce qui suppose entre 20 à 30 minutes de lecture par jour. Il y a cinquante ans, on comptait à peu près 35 % de gros lecteurs. On est tombé aujourd’hui à peu près à 10 %, et quand on regarde les études PISA, on s’aperçoit qu’on a à peu près 10 % de lecteurs avancés. Ce n’est pas du tout une coïncidence. Depuis cinquante ans, il y a aussi une diminution du volume de lecture de BDs, même si les jeunes aujourd’hui lisent beaucoup plus encore de BDs et de mangas que de livres.
D’un point de vue cognitif, y a-t-il une différence drastique entre la lecture de romans et celle de mangas ou BDs ?
Si on prend la réussite scolaire, les compétences en lecture et le langage oral on s’aperçoit que ces trois compétences-là sont directement liées au volume. Quand un enfant rencontre 1 million de mots, il va incidemment en apprendre 1 000. 1 million de mots c’est l’équivalent d’une quinzaine de livres… et d’une centaine de BDs. On ne met pas le même volume d’informations dans une bulle qu’on en met dans un chapitre de livre. En plus, dans un livre, vous êtes obligé de tout décrire alors que la BD comporte très peu de langage émotionnel : vous voyez sur le dessin que le personnage est énervé, heureux, estomaqué, consterné…
Tous les contenus ne se valent parce que tous les volumes ne se valent pas. Pour faire un lecteur, il faut vingt ans. On assimile souvent la lecture au décodage et c’est une erreur grave. Le lecteur expert lit 280 à 300 mots par minute, en compréhension préservée. C’est beaucoup ! C’est compliqué pour le cerveau. Si on suit les enfants depuis le cours préparatoire jusqu’à la terminale, on s’aperçoit que les enfants les plus compétents n’atteignent ce seuil qu’en Terminale/début d’enseignement supérieur. L’oral et l’écrit sont deux langues très différentes. Dans le plus simple des corpus écrits, c’est-à-dire dans un livre, un imagier d’enfant d’école maternelle, il existe davantage de richesse langagière que dans tous les corpus oraux qui ont pu être testés ; du point de vue du lexique, car vous avez des mots qui sont très courants à l’écrit, “jubilé“, “cancaner“, “coasser“, “cocasse“… En 2022, au concours des professeurs des écoles, il y avait une poésie de Victor Hugo dans laquelle il était question d'”enfants chancelants“. La grande majorité des candidats ne connaissaient pas le mot “chancelant“.
On l’entend très rarement ; une fois tous les 1 à 2 millions de mots à l’oral. À l’écrit, on le rencontre tous les 100 000 mots. En lisant Bel-Ami de Maupassant par exemple. Mais quelqu’un qui ne lit pas a très peu de chance de connaître “chancelant” ou des mots de ce type, comme “saillant“. Et il suffit d’ignorer 2 à 3 % des mots d’un texte pour ne pas en saisir le sens.
Il y a aussi la grammaire. Les formes syntaxiques : les phrases sont plus longues dans les livres, il y a plus de relatives. Vous avez les formes passive, “La souris a été mangée par le chat“, la complexité des temps, qui permettent à l’écrit d’exprimer de façon extrêmement précise la relation temporelle, mais aussi fonctionnelle entre les différents éléments. Le langage oral est une langue de communication. Le langage écrit, c’est la langue de la pensée complexe et des concepts.
Dans 1984, Orwell imagine une société dans laquelle les régimes totalitaires créent une novlangue, extrêmement appauvrie, pour mieux contrôler les masses. Pensez-vous qu’un jour cette dystopie puisse devenir réalité ? Et comment les neurosciences expliquent ce lien entre recul de la lecture, et menace pour nos démocraties ?
1984, cela a déjà existé. C’est très bien décrypté par Victor Klemperer dans son livre sur la naissance du nazisme. Il décrit un appauvrissement du langage, qui devient de plus en plus court, avec des formules répétées. Hitler disait lui-même que la littérature est un poison. Avec Goebbels, il a théorisé cette perte de substance du langage. La dimension fondamentale de l’intelligence humaine, c’est le langage. Donc quand on réduit le langage, on réduit l’intelligence humaine. On est en train de créer ce qu’Huxley appelait “une génération de gamins“. Des gamins qui fonctionnent, qui fonctionnent pour l’économie, qui consomment, qui sont contents, mais qui ne sont plus capables de penser leur servitude. Bradbury disait “Pour détruire une culture, il n’y a pas besoin de brûler les livres comme l’ont fait les nazis, il suffit que les gens ne lisent plus.” Quand les enfants ne lisent plus, ça a un impact individuel majeur, sur leur réussite scolaire, leur trajectoire de vie – même les mariages sont plus stables chez les gens qui lisent. L’impact général de la lecture sur l’intelligence cognitive, mais aussi émotionnelle et sociale est majeur et documenté. Il y a donc aussi un impact collectif majeur. Le PIB d’un pays est intimement lié à l’éducation et aux compétences cognitives et éducatives de sa population.
Il y a aussi un problème de démocratie : à partir du moment où on n’est plus capable de penser le monde, d’évaluer les fake news, on devient beaucoup plus perméable aux informations foireuses et à toutes les entreprises de manipulation. Que Trump puisse être élu président de la République, c’est quand même un truc de malade quand on y pense ! Et cela ne peut arriver que quand les gens sont capables de souscrire à ce qu’ils appellent les “faits alternatifs” [l’équipe de Trump affirment que les médias mentent et leur oppose des “faits alternatifs”, NDR]. Cela ne peut arriver que quand on a ce déficit de compréhension, d’éducation et de culture générale dans les populations, et cela arrivera de plus en plus si on ne fait pas quelque chose.
Que pensez-vous des initiatives comme ce “Quart d’heure de lecture national” porté par le Centre National du livre ?
C’est une excellente idée mais il faut des initiatives beaucoup plus profondes. La lecture dite “grande cause nationale” donne l’impression d’être plutôt un vernis de communication. Dans aucun pays, l’école n’arrive à compenser les disparités de langage liées au milieu. Quand on compare le niveau de lecture entre les enfants les plus favorisés et les moins favorisés, dans les études PISA, on s’aperçoit qu’il y a un écart de cinq ans d’équivalent scolaire. Si on veut vraiment s’attaquer à ce problème, il faut le prendre à la racine. Quand les enfants arrivent à la maternelle, à 3 ans, certains ont 1 200 mots de vocabulaire, contre 400 pour d’autres. Plus ils connaissent de mots, plus ils en apprennent. La lecture partagée est un élément essentiel de ce développement-là. Il faut donc lire aux enfants dès le berceau. Quand on informe les parents, y compris ceux de milieux très défavorisés, sur la plasticité cérébrale, la nécessité de parler précocement à leurs enfants, non seulement on ne les culpabilise pas, mais cela a des effets très significatifs.
Il faut vraiment mettre l’accent sur les enfants des milieux défavorisés à l’école mais aussi en dehors. Il faut aller dans les crèches, les maternités, les bibliothèques, les librairies, il faut développer d’immenses programmes. Chaque euro que l’on va investir, on va le récupérer derrière ! Il n’y a pas d’autre solution que de faire un effort massif, de se substituer pour une part à la famille, même si la famille peut faire des choses ; même quand les parents ne savent pas lire. On a donné des livres à des parents dans un ghetto d’Afrique-du-Sud en leur demandant de “lire” les images à leurs enfants. Les effets ont été majeurs sur le climat émotionnel, sur la concentration et sur le développement langagier de l’enfant. Mais il y a forcément un moment où la martingale s’arrête et où les enfants de milieux favorisés dont les parents lisent, parlent, ont un gros bagage culturel et langagier, ont un bénéfice par rapport aux autres. Donc, soit la collectivité se substitue à cette carence-là. Soit on continue à faire des numéros de plaquettes et à prétendre pleurer ces différences.
Groupes de niveau au collège : “Il n’y a plus que Gabriel Attal dans ce pays qui est pour”, dénonce Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU
Pour Sophie Vénétitay, le Premier ministre “gouverne contre les enseignants et contre les intérêts de l’école”. “On a le sentiment que Gabriel Attal est complètement déconnecté de la réalité”, affirme la syndicaliste, se demandant s’il y a “encore un pilote dans l’avion”. Les déclarations de l’ancien ministre de l’Éducation nationale “sont perçues comme une forme de provocation”, rapporte-t-elle. “Ça fait un mois et demi qu’il y a une très forte mobilisation contre les groupes de niveau, les professeurs sont contre, les parents sont contre, les chefs d’établissement sont contre, les inspecteurs sont contre”, poursuit la secrétaire générale du SNES-FSU. La ministre de l’Éducation nationale, Nicole Belloubet, avait annoncé jeudi dernier un “assouplissement” dans la mise en place de ces groupes, évoquant des “groupes de besoin” plutôt que des “groupes de niveau”.
Risque de “stigmatiser” les élèves
Pour la responsable syndicale, “travailler en petit groupe, c’est une bonne chose, mais travailler en petit groupe avec des élèves qui ont des niveaux différents pour les stimuler et pour mieux les faire réussir”. Elle estime que la mise en place de groupes de niveau va “trier les élèves”, “les enfermer dans leurs résultats” et “les stigmatiser”.
Le SNES-FSU appelle à rejoindre la grève du mardi 19 mars pour “la défense de la fonction publique”, notamment la défense de l’école publique.
Le Premier ministre, Gabriel Attal souhaite mettre en place des groupes de niveaux dans les classes pour certaines matières, à la rentrée prochaine. La mesure peut-elle se révéler efficace ? “Pour apprendre, chacun doit pouvoir aller à son rythme. C’est le sens des groupes de niveaux, qui se mettront place au collège dès la rentrée prochaine, en français et en mathématiques”, a annoncé Gabriel Attal la 31 janvier dernier, lors de son discours de politique générale. Il est prévu trois groupes de niveaux par classe. L’objectif est de faire remonter le niveau des élèves, après les faibles résultats de la France à l’évaluation PISA. Elle a déjà été expérimentée par Alain Savary, ministre de l’Éducation en 1983. “Inefficace” selon l’École d’économie de Paris Ces groupes peuvent-ils réellement contribuer à la réussite scolaire ? De nombreuses études se sont penchées sur la question, et ne vont pas dans ce sens. L’une d’elles, réalisée en 2023 par un laboratoire de recherche basé à l’École d’économie de Paris, conclut que “les classes de niveau sont inefficaces”, et que “ni les élèves les plus performants, ni les élèves les moins performants” ne bénéficient de leur mise en place. L’homogénéité en classe renforcerait également la stigmatisation des élèves les plus faibles, selon Marc Gurgand, l’un des auteurs de l’étude. Le rapport PISA pour 2022 prévoit un impact de ces groupes de niveau, notamment pour les mathématiques et sous certaines conditions : ils doivent être limités à quelques matières et être ponctuels, ce que ne prévoit pas la mesure annoncée par Gabriel Attal.
Né sous
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