par Nicolas Faucon in Yonne Républicaine 23 mars 2021
Près d’un quart de la population mondiale, vivant dans dix-sept pays (le Qatar, Israël, le Liban, l’Iran, la Jordanie, la Libye, le Koweït, l’Arabie saoudite, l’Erythrée, les Emirats arabes unis, Saint Marin, Bahreïn, le Pakistan, le Turkménistan, Oman, le Botswana et l’Inde), est en situation de « stress hydrique très grave », proche du « jour zéro » lors duquel plus aucune eau ne sortira du robinet selon le World Resources Institute (WRI – Institut des ressources mondiales, ce groupe de réflexion et de prospective environnementale basé à Washington) dont le rapport date de 2019
Situés dans la « diagonale de la soif », ces territoires en danger traversent un ensemble de régions de Tanger au nord est de la Chine en passant par le Moyen et Proche Orient.
Mais les situations sont très inégales : certains États, riches, ont pu s’adapter en créant des ressources alternatives. « Prenez l’Arabie saoudite, poursuit Franck Galland. Elle a de moins en moins d’eaux souterraines et pas d’eau de surface. Mais ce pays a les premières capacités mondiales de production d’eau dessalée – chaque jour, 7,3 millions de m3 d’eau dessalée sortent de ses 27 usines – il compense grâce à ça. Idem pour les Émirats Arabes Unis et le Qatar, premier PIB mondial, qui s’est lancé dans la construction du plus grand réservoir au monde d’eau dessalée. »
L’Inde dans une situation inquiétante
D’autres nations, moins prospères, peinent à trouver la parade. Comme la Jordanie. « Pour alimenter la capitale Aman, il manque 500 millions de m3 par an. Les Jordaniens ont lancé la construction d’une infrastructure pour pomper de l’eau souterraine dans un aquifère très profond à la frontière Jordanie-Arabie. Mais pour ramener cette eau sur 400 kilomètres, la facture énergétique sera énorme avec le risque dans 20 ans que cette nappe soit vide. »
L’Inde est aussi dans le rouge. Le pompage de l’eau des nappes phréatiques pour l’agriculture se fait à un rythme supérieur à leur approvisionnement par les pluies. Leur niveau baisse donc, inexoralement. « Des coupures d’eau de 20 heures ont eu lieu pendant un mois à Chennai, la sixième ville du pays. Plus largement, on estime qu’il y a 25 grandes villes indiennes dépendant des nappes souterraines : et il n’y a plus rien dans celles-ci. »
En Europe, la Finlande et la Suède ont de l’eau en pagaille, tandis que le France, l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie sont à moins de 3000 m3 par an et par personne
Dans l’Union européenne, les situations sont très inégales. La Finlande dispose des ressources en eau douce les plus importantes avec une moyenne à long terme de 19.425 m3 par habitant en 2017 selon les derniers chiffres de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture et données d’Aquastat. Elle est suivie de la Suède, dont les volumes de ressources en eau douce par habitant étaient d’environ 17.001 m3.
À l’inverse, des niveaux relativement bas (moins de 3.000 m3 par habitant) ont été constatés dans les six États membres les plus peuplés : France, Royaume-Uni, Espagne, Allemagne, Italie et Pologne, ainsi qu’au Danemark, au Luxembourg, en Roumanie, en Belgique, en République tchèque, à Chypre et à Malte (107 m3).
Moins de 3.000 m3 en France – C’est en m3 le volume de ressources renouvelables d’eau douce intérieures par habitant en France en 2017, selon les chiffres de l’ Organisation des Nations Unies. En 1962, il était de 4.174 m3. .
Le Billet audio de France Info par Anne-Laure Barral
(*) “Guerre et eau, l’eau, enjeu stratégique des conflits modernes”, de Franck Galland, édition Robert Laffont, 18 euros
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