Dix millions d’habitants vivent dans un territoire où l’accès aux soins est de qualité inférieure
5 février 2021
Selon une étude publiée jeudi par l’association des maires ruraux de France, la désertification médicale s’accentue. “La situation, qui est déjà grave, va devenir dramatique à court terme”, pointe l’association. Les territoires ruraux de Bourgogne-Franche-Comté n’échappent pas au phénomène.
La désertification médicale s’accentue en France, selon l’association des maires ruraux de France (AMRF) qui a publié le 4 février 2021 une étude consacrée à la santé en milieu rural.“Dix millions d’habitants du pays vivent dans un territoire où l’accès aux soins est de qualité inférieure à celle de la moyenne des territoires français”, estime le document élaboré à partir du travail d’Emmanuel Vigneron, professeur des universités à Montpellier et spécialiste de l’approche territoriale de la santé.
“Quelle que soit la catégorie de médecin, la densité pour 1 000 habitants est systématiquement inférieure à la campagne par rapport aux territoires hyper urbains”, souligne l’étude. Le nombre de spécialistes est même deux fois moins important “dans les départements hyper-ruraux”. “Rien n’explique que pour 1 000 habitants, il y ait moins de médecins en milieu rural qu’en ville. Il n’y a pas moins d’enseignants ou de pharmaciens”, estime Dominique Dhumeaux, maire de la Ferté-sur-Sarthe et vice-président de l’association des maires ruraux interrogé par l’AFP.
Cette tendance s’est accentuée au cours des dernières années. L’étude souligne ainsi que le nombre de cantons dépourvus de médecins est passé de 91 en 2010 à 148 en 2017, soit une augmentation de 62%. La densité médicale a d’ailleurs baissé de plus d’un tiers dans 30% de l’ensemble des cantons pendant la même période.
À la fin de l’année 2020, l’AMRF avait publié deux autres études, la première révélant que l’espérance de vie à la campagne se dégradait depuis le début des années 2000 par rapport aux villes et la seconde que les habitants des régions rurales “consomment 20% de soins hospitaliers en moins que ceux des villes”. Grâce à ces documents, l’association souhaite “alerter les politiques” sur la situation de la santé dans les zones rurales et leur montrer “la réalité sur le terrain”, assure le vice-président de l’AMRF.
“Une véritable bombe à retardement”
À partir d’un référenciel de l’Insee, l’association a classé les départements français en cinq catégories : hyper rural, rural, composite, urbain et hyper urbain. En Bourgogne-Franche-Comté, la Haute-Saône et la Nièvre sont classées en hyper-rural, le Jura, la Saône-et-Loire et l’Yonne en rural, la Côte-d’Or et le Doubs en composite et le Territoire de Belfort en urbain.
“Les départements dits ruraux ou hyper-ruraux sont les plus impactés par cette absence de médecins généralistes. On sait aussi que bon nombre de médecins généralistes ont plus de 50 ans aujourd’hui en milieu rural”, indique Dominique Dhumeaux interrogé sur France Inter le 4 février 2021. “Dans certains départements, plus de la moitié ont même plus de 65 ans. Ce qui veut dire qu’on va avoir des départs à la retraite en grand nombre et en parallèle de ça, peu de jeunes médecins qui sortent de l’internat se dirigent vers la médecine générale en milieu rural.”
Selon la carte publiée par l’AMRF, tous les départements de Bourgogne-Franche-Comté comptent une densité de médecins généralistes libéraux inférieure à la moyenne nationale, sauf la Côte-d’Or et le Doubs. Concernant les spécialistes libéraux, seuls la Côte-d’Or et le Territoire de Belfort bénéficient d’une solution plus favorable que la moyenne nationale. C’est en Haute-Saône et dans le Jura que la densité en spécialistes est la moins importante dans notre région.
“Peu de solutions pour éviter la catastrophe”
“Il va bien falloir à un moment donné que le gouvernement tranche cette situation et fasse en sorte que, peu importe l’endroit où l’on vive, on ait tous les mêmes chances de survie quand une maladie arrivera. On sait aujourd’hui que l’espérance de vie se dégrade en milieu rural par rapport à la ville. Est-ce que notre société est en capacité d’accepter ce type de situation ?”, poursuit le vice-président de l’association des maires ruraux sur France Inter.
Que faudrait-il faire pour améliorer la situation ? “Il y a très peu de solutions pour éviter la catastrophe, affirme Dominique Dhumeaux. À part sur un temps court imposer aux médecins généralistes d’aller dans les zones les moins dotées en médecins pour essayer de pallier cette crise, le temps que le numerus closus qui a disparu fasse de l’effet. Et puis donner un peu plus de libertés aux infirmiers pour tout ce qui est pathologies basiques et renouvellement d’ordonnances, ou accentuer la télémédecine.”
Avec une méthode de calcul différente, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), qui dépend du ministère de la Santé, estimait qu’en 2018, 3,8 millions de personnes habitaient dans une zone sous-dotée en médecins généralistes. Selon cette étude publiée février 2020, l’accessibilité géographique aux médecins généralistes a baissé de 3,3 % entre 2015 et 2018 en France. “En 2018, les Français ont accès en moyenne à 3,93 consultations par an et par habitant, contre 4,06 consultations en 2015”, peut-on lire.
“Un territoire est dit sous-doté si son indicateur d’accessibilité potentielle localisée est inférieur ou égal à 2,5 consultations par an et par habitant”, précise la Drees. C’est le cas de toutes les zones les plus pâles sur la carte de la Bourgogne-Franche-Comté ci-dessous :
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